Pollinisateurs Une étude défavorable au « probable successeur » des néonicotinoïdes
Selon une étude parue dans la revue Nature le 15 août 2018, le sulfoxaflor a un impact négatif sur les colonies de bourdons. Les auteurs mettent en garde contre l’utilisation des insecticides à base de sulfoximine en remplacement direct des néonicotinoïdes, et appellent à l’évaluation de leurs effets sur les pollinisateurs.
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« L’exposition chronique à l’insecticide à base de sulfoximine, le sulfoxaflor, à des doses comparables avec une exposition potentielle après pulvérisation, a de graves effets sublétaux (1) sur les colonies de bourdons », concluent les chercheurs de l’université londonienne Royal Holloway.
Effets sur le long terme
Sur le terrain, 25 ruches de bourdons ont été exposées au sulfoxaflor pendant la première phase de croissance, et comparées à 26 autres ruches témoins. Les premières ont significativement produit moins de bourdons « ouvriers », et également moins de descendants reproducteurs. Les différences observées suggèrent que les effets directs ou indirects cumulés de ce produit pourraient avoir, sur le long terme, des conséquences sur la santé des colonies.
Pour les auteurs, ces résultats mettent en garde contre l’utilisation de sulfoximines en remplacement direct des néonicotinoïdes, dont ils sont le « successeur le plus probable ». « Il y a un besoin urgent d’évaluer de manière préventive les effets sublétaux potentiels des pesticides à base de sulfoximine sur les pollinisateurs, car ces effets sont rarement détectés par les évaluations écotoxicologiques standards, mais peuvent avoir des impacts majeurs à des échelles écologiques plus larges », estiment les chercheurs.
Molécule approuvée
De son côté la firme Dow AgroSciences, qui fabrique le sulfoxaflor, fait savoir qu’elle a mené des études de toxicité aiguë par voie orale et cutanée en laboratoire, ainsi que des études en serre et en tunnel de pollinisation avec le sulfoximine, afin d’en déterminer les effets sur les bourdons.
Selon elle, ses études « ne montrent aucun effet sur le développement des colonies de bourdons par rapport aux colonies témoin exposées à des résidus présents dans le pollen et le nectar et dont les taux sont supérieurs à ceux étudiés dans l’article de Siviter publié récemment dans la revue Nature. »
« Nous pouvons également confirmer que des études respectant des protocoles internationaux reconnus ont démontré qu’il n’y avait pas d’effets sur le développement des colonies de bourdons à la suite d’une exposition à des résidus présents dans le pollen et le nectar à des concentrations allant jusqu’à 468 ppb et 196 ppb », juge Dow AgroSciences.
La firme rappelle de plus que cette substance active a reçu des approbations réglementaires dans 75 pays et a été utilisé sur des millions d’hectares dans le monde entier pendant plusieurs saisons de culture. « Appliqué conformément au mode d’emploi figurant sur l’étiquette, aucun préjudice aux espèces non visées, ni aux insectes utiles n’a été rapporté, ajoute Dow AgroSciences. De plus, l’ingrédient actif a été évalué positivement par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et son utilisation a également été approuvée dans l’Union européenne. »
H.P. et C.F.
(1) effets qui ne provoquent pas la mort immédiate, mais menacent le maintien à l’équilibre d’une population : réduction de la fécondité, augmentation de la mortalité au stade larvaire, désorientation…
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